Homelie du Diacre Baudouin sur l’Evangile selon St. Mc 9, 30-37 à
l’occasion d’une messe fériale
« La préséance est une
aiguille » (OBUKULU NI MBINDWA)
www.rfiafrique.radio.frwww.afria1.radio.frIl y a lieu de fonder toute une théologie et une
philosophie sur l’interprétation de ce proverbe. La préséance, la grandeur, l’autorité, voilà
le thème focal au sujet duquel les disciples débattaient en chemin en partance
vers Capharnaüm. Curieusement Jésus était entrain de suivre discrètement leur
débat. Et peut-être se disait-il, ces gens comprennent-ils et connaissent-ils
le sens et la gravité de ce dont ils discutent et de ce à quoi ils aspirent
avec empressement ? Voilà pourquoi, une fois arrivé à la maison,
Jésus leur pose une question test et curieuse : « De
quoi discutiez-vous en chemin ? » Le texte de l’Evangile nous dit
que les disciples n’osèrent pas répliquer, la question leur parut peu facile et
tentatieuse ; car, en chemin, ils
discutaient au sujet de «qui est le plus grand ». Voilà qui préoccupait ces si
grands hommes comme les disciples.
La tentation du pouvoir,
de l’avoir et de l’être, voilà qui, malheureusement, gouverne le monde :
être grand, régner, dominer les autres. La course au pouvoir pour des honneurs,
pour la fortune, la gloire, la popularité,…
L’on ne sait pas une minute comprendre combien il est exigent d’être le
plus grand !!! C’est pourquoi,
heureusement peut-être, les disciples se sont abstenus de répondre à la
question.
Alors Jésus en profite pour les instruire. Il leur
dit : « Si quelqu’un veut être
le premier, il sera le dernier de tous et le serviteur de tous ». C’est
cela, en effet, qui vaut à quelqu’un la grandeur dans la logique de la Loi
nouvelle (morale chrétienne).
« La préséance est une aiguille »
Nul ‘ignore, que je le
sache, l’aiguille et son rôle. L’aiguille est un outil métallique miniaturisé,
pointu à une extrême et pourvu d’un trou effilé à un autre extrême, lequel
instrument sert à coudre, c’est-à-dire
à unir ou à rassembler des étoffes éparpillées
pour en faire une seul tissu en vue d’un usage bien précis et bien
approprié. Néanmoins, pour mener cette entreprise, il importe de remarquer que
l’aiguille n’y parvient pas toute seule, elle ne s’autosuffit pas ; elle a inexorablement besoin du concours d’un fil à coudre et du
soutien d’un couturier. Tout de même, le fil ne peut intervenir si et seulement
si l’aiguille est pourvue d’un orifice qu’on appelle champ de l’aiguille. Enfin, pour attacher, pour relier une
étoffe à une autre, l’aiguille doit inévitablement percer l’étoffe. Et elle ne réussira que si cette étoffe
accepte d’être percée.
« La préséance est une
aiguille » Que signifie cette image vous présenté?
L’aiguille c’est
l’autorité (la grandeur), le fil dont l’autorité se sert, c’est la sagesse en
même temps que le concours, la collaboration des autres. L’autorité doit savoir collaborer et faire collaborer les autres à son ouvrage pour
atteindre son objectif (d’où le proverbe : « OMWAMI NI BALUME »). Cette collaboration n’est
possible que dans la mesure où l’autorité (la supérieur) est ouverte aux
autres, ses subalternes. C’est ce que symbolise le trou sur l’aiguille.
L’autorité doit être
rigoureuse, déterminée, opiniâtre et perspicace pour rassembler ses
membres ; elle est même parfois obligée de les blesser pour les reprendre.
C’est ce que symbolise la partie pointue de l’aiguille. Or, l’expérience prouve
qu’il n’est pas facile pour certains d’accueillir et d’intégrer les reproches,
c’est-à-dire, se laisser percé par cette aiguille rassemblante, réconciliante
et unifiante. C’est justement là que réside la complication, la lourdeur de la
responsabilité d’une autorité (du ou de la supérieur). Elle est parfois taxée
de tous les maux possibles, de toutes les « mauvaises
qualifications ». C’est pourquoi elle (l’aiguille, l’autorité) doit être
soutenue par Dieu, ce grand Couturier qui confère légitiment l’autorité à
quelqu’un.
En sus, nous ne sommes
pas sans savoir que l’aiguille, en dépit de ce qu’elle peut avoir comme rôle ou
valeur, elle est la plus négligée des choses, la dernière des pacotilles. Il suffit qu’elle tombe par terre pour qu’elle
disparaisse si bien qu’on a même besoin d’user d’une lampe torche en pleine
journée pour la retrouver. Elle est parfois piétinée, foulée au pied sans que
personne ne s’en rende compte. Et
d’ailleurs, c’est une malchance de trouver en chemin une aiguille et de la ramasser,
dit-on ! (c’est une superstitution de la culture nande). Voilà pourquoi,
Jésus dit : « Si quelqu’un veut être le plus grand, le
premier, qu’il soit le dernier et le serviteur de tous ». Telle est l’image que doit refleter,
une autorité (Supérieur, chef, formateur, président, bref, toute personne qui
assume la responsabilité du « N°1 » dans une entité quelconque).
Et Ben Sirac le sage nous
prévient avec insistance en ces termes : « Mon fils, ma fille, si tu
prétends servir le Seigneur, prépare-toi à l’épreuve. Fais-toi un cœur grand et
droit, arme-toi du courage, ne te laisse pas affaiblir et entraîner au moment
de l’adversité, des calomnies, des pourparlers, des médisances. Tout ce qui
t’advient, accepte-le, dans les vicissitudes de ta pauvre condition, montre-toi
patient(e) car l’or est éprouvé dans le feu et les élus dans la fournaise de
l’humiliation. Mets ta confiance en Dieu, Il te viendra en aide. Malheur aux
cœurs lâches et aux mains nonchalantes » (cfr Si 2, 1-13).
Et moi j’adresse ce
message à tous ceux qui jouissent d’une autorité, surtout la responsabilité de
guider et de gouverner ses semblables: Eh bien sachez qu’ « on ne peut pas conduire un
troupeau sans s’exposer aux mouches ». Merci
KAHINDO MAKUKO Baldovino, osc
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